chez polet… drôles d’histoires drôles!


avertissement
il faut lire cette histoire l’esprit ouvert et les yeux fermés… elle finit bien 

voilà
ces moments ont peut-être été vécus par l’auteur mais en aucun cas il en a été l’acteur

la petite famille de chez pollet
jules le patron
christelle la sommelière
josette une serveuse
antonio le cuisinier
simon le pommeau
sylvie la bonamie
monsieur jean le régent
andré un employé communal
albert un client
le docteur aussi un client
le duc un autre client
joséphine une cliente
pierrot un artisan du quartier

faits et mes faits
dans une petite ville il y a  rue petite rue qui s’appelle la rue des faux pas et quand elle commence à remonter la rue des escaliers du marché alors qu’il n’y a pas d’escaliers et encore moins de marché
de chaque côté de la rue les maisons sont collées les unes aux autres comme si elles voulaient se protéger du froid ou se soutenir les unes aux autres
au bas de la rue des faux pas et avant la rue des escaliers du marché  il y a un bistrot chez pollet

1 – chez pollet
la maison devrait avoir trois étages si on compte les rangées de fenêtres de la façade jaune coquille d’oeufs avec des volets rouge un peu bordeaux
en bas, le rez où il y a deux grandes fenêtres qui entourent une porte qu’on dirait la porte d’entrée d’un immeuble
heureusement sur cette porte il y a un petit panneau avec le mot “ouvert” imprimé dessus
en été il y a deux tables une de chaque côté de l’entrée avec quatre chaises posées devant la façade sur le trottoir 
en poussant la porte tu entres chez pollet comme c’est écrit en grandes lettres majuscules en relief de couleur ocre à même la pierre en dessus de la porte
à l’intérieur les tables sont alignées de chaque côté du couloir qui mène de la porte au bar celles avec quatre chaises à gauche et celles avec deux chaises à droite comme dans les wagons de première classe des cff 
christelle la sommelière aux formes généreuses et arrondies passe juste dans cette allée tellement qu’il n’y a pas la place pour une main curieuse
aujourd’hui elle porte une robe bleue qui épouse ses rondeurs et met en valeur le contenant ce qui ravit les clients du bistrot qui sont presque tous des habitués et
des amis
elle les connaît tous et surtout elle sait toujours ce qu’ils veulent boir
des fois, elle met une jupe avec une blouse blanche que tu vois les dentelles de ses bonnets E comme eh ! ils sont vachement généreux ! de vrais airbags
christelle est toujours de bonne humeur, d’une grande patience et d’une énorme gentillesse 
elle t’accueille avec un sourire chaleureux surtout si t’es pas un habitué 
– qu’est-ce qu’il veut le monsieur ? qu’elle demande que tu n’oserais pas lui répondre que tu attends quelqu’un et que tu commanderas après
des fois une histoire drôle lui arrache un rire qui vient du fond de ses poumons tellement communicatif qu’il arracherait un sourire d’une oreille à l’autre à un neurasthénique triste
les habitués aiment bien christelle d’autant qu’ils n’ont pas le temps de s’asseoir que déjà leur boisson préférée les attend à leur place habituelle
car à chaque fois qu’ils entrent dans le café ils vont à la même table et à la même place et s’il y a déjà quelqu’un à leur table cela ne les gêne pas trop ils occuperont la chaise libre
et si c’est pas le cas, ils iront au bar et attendront que leur table se libère
il faut vingt pas pour aller de la porte au bar où se tient le jules, le patron qui fait aussi le garçon d’office dès les quatre chiffres jusqu’à la fermeture
il a l’oeil à tout, il fait la conversation à ceux qui viennent au bar, il raconte ses vins et ses vignerons car chez le jules tu bois bon et surtout pas du trafiqué
des fois s’il te trouve sympa il te raconte les grandes photos et les dessins qui sont dans des cadres accrochés sur les deux parois du bistrot au-dessus de chaque table
à coups de ballons tu finis par avoir les jambes qui te lâchent tu paies et tu t’en vas très heureux de ce moment d’histoires et de bonheur
c’est christelle qui fait l’ouverture à six heures jusqu’après le service de midi une fois que les assiettes du jour préparées par le jules ont été gloutonnées

2 – l’andré
à six heures moins dix la clé tourne dans la porte et christelle s’avance dans l’allée presqu’à tâtons car depuis le temps elle sait par coeur où se trouve l’interrupteur pour allumer le café il est tout au fond derrière le bar sur le tableau électrique où il y a une tapée de poussoirs avec des petites étiquettes dessous qu’elle n’a pas besoin de les lire  pour savoir lequel il faut abaisser et il y a aussi les fusibles avec des petites étiquettes dessous
sur le tableau il y quelques plombs de fois que cela viendrait à pèter
puis elle enclenche la machine à café car elle sait que l’andré passera là avant de prendre son travail qui commence un quart d’heure juste après
l’andré en pince pour la christelle
il la taquine et essaie de lui faire passer ses sentiments au travers de petites remarques ou petites citations mais il est timide il aimerait bien la fréquenter 
sa salopette orange toujours propre prouve qu’il est employé communal c’est grâce à lui que les rues des faux pas et des escaliers du marché entre autres sont toujours propres et des gens disent que ces deus rues sont les plus propres de la ville car l’andré y passe plus de temps que dans les autres, mais ce sont de mauvaises langues !
des fois il raconte un peu de sa vie qui a commencé à l’école du village puis des études à la ville toute proche
mais il aime trop la liberté, les gens et l’air libre… il a essayé la vie de bureau mais cela ne lui convenait pas il étouffait
alors il a choisi ce métier il est heureux et tous les jours les gens le saluent chaleureusement auxquels il répond en sifflant tout en travaillant
il a un balai avec un espèce de fagot brun foncé au bout et une remorque qu’il pousse et qu’il remplit avec la pelle dans une main et le balai dans l’autre c’est pas facile c’est tout une technique qu’il dit mais avec le temps on chope le coup
il est fier de participer à la propreté de la petite ville il est balayeur il déteste qu’on lui dise qu’il est technicien de surface
quand sa brouette orange est devant chez pollet on sait qu’il va dire bonjour à la christelle
un café un peu clairet servi dans une verre avec un pied fume devant lui sur le comptoir
il aime bien ce moment
– andré, l’interpelle le verrapied, enfin ! dis-lui quelque chose 
– fait pas chaud ? demande andré
– mais non bobet, lui répond verrapied, elle le sait bien qu’il fait pas chaud dehors, dis lui que la robe qu’elle porte lui va bien que le contenant met en valeur le contenu, je sais pas moi mais un truc comme ça !
– ah fous-moi la paix, j’ai trop peur qu’elle refuse ou qu’elle se moque de moi
– eh ben pour le savoir, il faut lui causer
– encore un mot et je te vide… je lui parlerai demain
– c’est ça encore demain toujours demain… se désole verrapied qui ne fume plus
– à quoi tu penses ? le coupe christelle qui s’est approchée une grande bouteille toute blanche à la main dont une bonne lampée éclaircit encore le café 
d’un geste auguste il vide son verre salue d’un sourire crispé et à peine sorti se met à siffler un peu plus fort que d’habitude
– tu te rends compte qu’il se dit comme s’il parlait à son verrapied matinal, elle m’a causé et qu’à moi tout seul c’est sûr demain je lui parle 

3 – monsieur jean
comme chaque matin sauf le dimanche car chez pollet c’est fermé le dimanche, à neuf heures la porte s’ouvre 
– bonjour monsieur jean annonce christelle  pour que tout le monde sache que monsieur jean est arrivé
monsieur jean, jean c’est son prénom, et comme c’est un habitué tout le monde ici l’appelle monsieur jean
c’était lui le régent c’est pourquoi il y a du respect dans monsieur jean
il connaît presque tout le monde car ils ont été les parents de ses élèves et même pour certains ses élèves
ses souliers sont toujours bien cirés et il est très élégant dans son costume deux pièces dont la veste en tissu écossais donne de la couleur à son visage tout blanc
son chapeau suspendu à la patère il se saisit d’un grand bâton dont les deux parties plates serrent la julie du jour
c’est vrai que c’est pas très pratique de lire la julie avec ce grand bâton que tu risques à chaque fois de foutre en l’air ton verre qui est sur la table devant toi
il est assis le dos à la fenêtre à côté de la porte
toutes les tables devant lui lui rappellent sa classe d’école même si certains lui tournent le dos non pas qu’ils soient fâchés ou qu’ils fassent la gueule mais parce que c’est leur habitude d’être face à la christelle qui se tient à côté du bar au fond du bistrot afin qu’elle aperçoive leur doigt pointant leur verre pour qu’il soit de nouveau rempli
un verre ceint dans une armature en acier avec une anse qui est aussi brûlante que le thé qu’il contient d’une belle couleur ambrée 
mais aussitôt sur la table il saisit le petit pot blanc qu’elle lui a posé juste à côté et en verse le contenu dans le thé qui s’éclaircit et devient tout laiteux
heureusement que les autres lui tournent le dos car ils n’aimeraient pas cette vision catastrophique déjà que le régent boit du thé alors du lait…
quand il tourne la dernière page de la julie, il a finit son thé et remet son chapeau, raccroche la julie à la patère et salue l’assistance
– ah ! christelle qu’il dit timidement ,sur l’ardoise dehors il y a une faute“émincé de porc au morilles” s’écrit avec un x à “aux morilles”
dix heures sonne au clocher de l’école comme à l’époque quand c’était la récré
quand il est là monsieur jean ne parle à personne il lit sa julie
des fois il s’arrête à la page des morts pour savoir s’il connaît quelqu’un 
alors la tristesse se marque sur son visage quand il a reconnu un élève ou un parent d’élève
on sait pas s’il est marié ou veuf on imagine même pas qu’il pourrait être vieux garçon tant il est toujours bien mis 
il n’est jamais venu accompagné chez pollet même les jours de fête
des fois il y a quelques remarques qui se font entendre quand il est parti, des questions qui restent sans réponse ou alors c’est la christellequi demande qu’on lui foute la paix 
c’est qu’il est gentil monsieur jean et il ne fait pas de bruit, lui pas comme certains qui se croient plus malins et parlent fort pour tout le bistrot comme pour montrer qu’ils savent des choses mieux que les autres

4 – l’albert
– il a sonné onze, dit la petite cloche de l’école qui laisse échapper les cris des petits qui sont heureux de sortir dans le préau
soulevant légèrement sa casquette en signe de salut, l’albert passe la porte de chez pollet  pour marquer les quatre chiffres 
à peine assis à sa table au milieu du bistrot que son ballon contenu dans un petit carafon se verse dans un gobelet en verre car lui il boit à la vaudoise comme son père le faisait comme son grand père…
l’albert est pas causant il est toujours seul à sa table il est assis il boit son verre par petite gorgée le regard dans le vide tellement qu’on dirait qu’il ne voit pas la christelle
on dirait qu’il réfléchit mais ceux qui le connaissent savent que ce n’est pas sa spécialité ni son passe temps
– tu devrais leur raconter, lui suggère gobelet qui aime bien la douceur des doigts qui l’étreignent
– raconter quoi ? lui répond l’albert un peu agressif il n’aime pas parler de lui ou du passé
– mais ainsi tu pourrais causer avec quelqu’un, enlever ce poids qui est sur tes épaules, te libérer et qui sait rencontrer quelqu’un d’autre !
– suis très bien comme ça, fous-moi la paix
quand son verre est vide, comme le carafon christelle comme d’habitude lui apporte le petit frère
le jules depuis le fond du bar lui demande : 
– sympa mon la côte ? c’est un grain blanc de “schteiner” à dully 
– ouaih qu’il répond
– c’est tout ce que cela t’inspire alors merde moi qui me casse le cul d’aller chercher du vin chez des vignerons-encaveurs qui font des vins de qualité à des prix très intéressants
– très intéressants pour toi que le coupe l’albert
– t’es de mauvais poil ou quoi, c’est pas le problème j’essaie juste de faire un peu de conversation
– m’en fous je t’ai rien demandé
– il faudra bien un jour que tu nous dises ce qui se passe avec toi appuie doucement la christelle
– ah tu vois ce que je te disais souligne gobelet 
– mais je t’ai déjà dit que j’ai pas envie
– alors tu veux que je le fasse à ta place
– chiard, t’oses pas !
– tu sais très bien que je peux pas le faire lui rétorque tristement gobelet, mais un jour… je trouverai la solution
malgré qu’il soit ronchon aujourd’hui il montre le carafon à christelle pour qu’elle renouvelle la compresse
– tu veux faire la fête tout seul ? lui demande gobelet 
– occupe-t-toi de tes oignons ! lui répond l’albert j’ai une petite soif et je préfère boire avant d’avoir soif… et ce serait l’anniversaire du ferdinand aujourd’hui
le carafon est à côté de gobelet ce dernier ne dit plus rien car il sait ce qui ronge l’albert
l’autre jour après qu’il a passé chez le docteur il s’est arrêté chez pollet  ce qui avait surpris le jules car d’habitude l’albert ne venait que le matin
et il avait commandé trois ce qui était aussi contraire à ses habitudes 
– tu fêtes quelque chose ? lui demande le jules  qui fait aussi le service l’après-midi 
à voir ta tête je ne pense pas que ce soit ça 
mauvaises nouvelles ?
– je crois bien répond l’albert il paraît que mes gama gétés sont trop haut m’a dit le docteur poursuit l’albert  qui lâche une phrase complète pour la première fois depuis que le jules le connaît
– tes gamma gt, corrige le jules
– ouaih possible
– et alors ?
– il faudrait que je supprime quelques apéros tu te rends compte ?
– en effet dit le jules 
– alors qu’il dit l’albert comme le docteur veut que je supprime un ou deux apéros j’ai décidé de commander un carafon de trois au lieu de trois carafons d’un déci l’un après l’autre
et les deux d’éclater de rire et le jules d’aller chercher un autre carafon de trois et un verre
– c’est vrai qu’une nouvelle comme celle-là ça s’arrose finit par dire gobelet en se remplissant

5 – le docteur
– ah lala les amis quelle journée ! 
c’est le docteur qui s’exprime comme ça quand il entre chez pollet il se dirige directement au bar où il s’appuie comme s’il ne voulait pas s’écrouler et avant de dire quoi que ce soit il montre du doigt la bouteille qui est sur la banque en bas dessous du plateau du bar
jules  qui aime bien le docteur secoue négativement la tête et se penche pour ouvrir le tiroir du bas en sort une autre bouteille qu’il débouche
le bruit sympathique du bouchon qui libère le nectar interpèle le docteur  qui se redresse aussitôt
le jules met deux verres sur le comptoir c’est qu’il doit déguster ce pinot noir avant de le servir c’est aussi le premier verre de la journée mais pas le dernier
– poget ?  lui demande le docteur j’ai eu un client de ce nom-là
– ouaih mais le mien il est pas malade et il fait un super pinot qui a déjà obtenu plusieurs prix d’ailleurs tu devrais le prescrire à tes clients ils se porteraient mieux !
– tu veux dire que je n’aurais plus de clients non qu’ils soient morts mais en meilleure santé !
ils rient tous les deux en savourant cette merveilleuse goûte de bonheur
les verres à pied qu’ils tiennent dans la main ont le tournis à force qu’ils font tourner le vin pour l’aérer qu’ils disent puis ils plantent leur nez presque jusqu’au liquide foncé à l’odeur et au goût de cerises noires
ils ne parlent plus mais se comprennent comme si leurs pensées réciproques se rencontraient dans leur cerveau
– trois pour la neuf coupe christelle
on entend un bruit de bouteille qui se verse dans un carafon et des deux verres qu’elle prend sur le support pour les déposer sur le plateau qui est posé sur le comptoir 
elle appuie sur des touches qui ont une pastille ronde dessus sur laquelle figure un chiffre elle attrape un bout de papier qui sort de la machine dans un bruit de ferraille et le pose sur une soucoupe en plastique
pendant ce temps, le docteur est perdu dans ses pensées
– tu devrais rentrer, lui dit verreapied qu’il tient tendrement dans sa main c’est que c’est presque le seul ami qui lui reste
– mais j’ai bossé toute la journée sans m’arrêter alors laisse-moi tranquille
– c’est pas comme ça que tu briseras ta solitude
– tu as raison lui répond le docteur mais depuis que mathilde m’a quitté j’ai de la peine à rentrer me retrouver tout seul dans cette grande maison remplie de mille souvenirs
– alors mange quelque chose lui suggère verreapied l’assiette du jour était délicieuse tu sais le jules s’est cassé le cul aujourd’hui il a fait un rôti de porc avec des morilles et une écrasée pommes de terre 
– tu rigoles ?
– demande au jules !
comme il était pas passé à midi, le jules  avait laissé de côté une assiette pour le docteur  qui d’habitude venait manger tous les jours depuis que sa mathilde l’avait quitté
deux verres de pinot plus tard, une assiette fumante se trouve en face du docteur avec un troisième verre
tout est bon excellent même
le docteur est heureux d’être un ami chez pollet

6 – le duc
il y a des gens qui n’aiment pas leur vie ou comment elle s’est déroulée
bien sûr ils auraient pu faire autrement mais ainsi va la vie des fois et puis il y a des choix qui peuvent faire naître des jalousies ou des frustrations
celui qui se fait appeler le duc c’est pas que c’est son nom mais ce qu’il aurait bien voulu être avec le portefeuille qui va avec
alors il est toujours habillé du dimanche marche avec une canne dont la poignée est en argent et marque le pas en tapant le sol comme s’il voulait annoncer son arrivée 
il porte des gants, un costume trois pièces même en été et il a toujours un porte-cigarette au coin de la bouche même s’il n’y a pas de cigarette au bout
quand il fait très chaud il porte une veste claire et un chapeau de paille
dès son entrée chez pollet il pose son regard sur toutes les tables pour voir si elles sont occupées et s’il reconnaît quelqu’un ou une future victime
non pas que c’est un truand comme dans les films de gangsters mais qu’il est comme picsou il est économe qu’il dit alors qu’en fait c’est un pingre et qu’au pays de l’avarice il serait roi
quand il ne trouve pas de victime, il va au bar et demande un verre d’eau avec la feuille des avis officiels
le jules  qui le connaît depuis le temps il s’amuse en lui servant un verre d’eau chaude même des fois brûlante quand il est contrarié
– il me semble que tu veux jeter un froid entre nous ironise le duc
c’est vrai qu’il cause comme au théâtre avec des phrases très compliquées et des tournures que des fois tu ne comprend pas
mais il n’est pas méchant même avec son porte-cigarettes au coin de la bouche
il raconte des histoires et quand des veuves l’accueillent à leur table elles ont beaucoup de plaisir à entendre ses exploits imaginaires et ses flatteries
ça leur fait du bien car cela fait longtemps qu’on ne leur a pas fait la cour certes en tout honneur sauf un ou deux ballons de calamin 
à lui aussi cela lui fait du bien de rêver à la réalité de ses histoires et il sait toujours se retirer avant que celles-ci fatiguent ses interlocutrices
après un baisemain à faire grincer les reins, il se retire non sans saluer d’un geste auguste l’assemblée clairsemée de chez pollet
des fois quand ses histoires lui ont valu trois ballons de calamin, le jules l’appelle au bar pour lui verser le reste de la petite bouteille 

7 – la joséphine
chez pollet n’est pas seulement réservé aux messieurs
bien au contraire l’après-midi il y a des madames qui ont aussi une petite soif et ont plaisir à se retrouver dans ce lieu si accueillant et si sympa
les salons de thé et leurs cancans entre chaque bouchée de petits fours ou de pâtisserie ne sont pas leur tasse de thé !
elles préfèrent quelque chose de frais, de solide, de plus viril comme un ballon de blanc ou de rosé
et il en a des bons de rosé le jules de chez pollet
du landeron de chez ritter, de bevaix de chez nicolet, de saint prex de chez kind, de perroy de chez gaillard, d’yvorne de chez minod
la carte est encore longue 
des oeil de perdrix aux rosés de pinot, de gamay, de gamaret ou d’assemblages le jules est fier de sa collection et de connaître chacun des vignerons dont il propose un vin chez lui
souvent il propose un verre avec son assiette du jour pour montrer l’association des goûts
c’est comme ça qu’il a connu la joséphine
elle n’avait pas finit son poulet au curry indien mais son verre de rosé qu’elle voulait un autre verre
– mais quelque chose de sérieux ! qu’elle dit à christelle
le jules sort de son bar, c’était la dernière commande et le service était presque fini et se pointe au bout de la table prêt à un affrontement d’autant qu’il avait proposé son meilleure rosé son oeil de perdrix de rossillonnes* qui venait d’avoir un prix 
un visage d’une douceur et d’une beauté lui font perdre tout ses moyens et il n’avait pas encore vu le reste 
il se débarrasse de son tablier qui affiche le menu du jour se recoiffe devant la glace qui est vers le bar avec une publicité dessus qui l’empêche de voir comme il faut ce qu’il fait
plonge vers le tiroir du bas où il met quelques bouteilles qu’il se réserve ou pour de grandes occasions et sort un gamaret-garanoir **
armé d’un tire-bouchon il s’approche de la table de la dame et sans rien dire débouche renifle le bouchon pose la bouteille retourne au bar chercher un verre, verse une bonne goutte, hume fait tourner le vin et le déguste enfin
il demande à la dame si elle veut qu’il change son verre
– jamais, qu’elle répond d’une voix autoritaire, pas un verre qui est aviné !
il comprend qu’elle connaît le vin et déjà elle lui plaît
il se penche, prend son verre non sans regarder son décolleté, et le remplit et le lui tend 
il remplit le sien et lui fait santé en levant son verr
il est inquiet il observe ses réactions
– magnifique qu’elle dit
alors il s’assoit en face d’elle, ils trinquent, elle lui raconte qu’elle a travaillé dans le métier durant pas mal d’années et qu’elle est à la retraite aujourd’hui
elle peut enfin savourer les plaisirs de la table
alors par hobby elle va de restaurants en bistrots, elle note ses remarques dans un carnet qu’elle traduit ensuite sur un site joséphine à table qu’elle diffuse 
elle veut simplement aider tous ses artisans qui participent à ces plaisirs du bien manger et bien boire à être connus et surtout d’inciter les gens, les consommateurs à les préférer à certaines enseignes commerciales qui ne favorisent que leurs propriétaires
le jules il l’écoute bouche bée
ce qu’elle cause bien, ce qu’elle est belle
il aimerait rester ainsi à côté d’elle durant des heures
mais c’est l’heure de la fermeture
elle insiste pour payer l’addition 
il accepte mais lui offre le café et la bouteille de gamaret-garanoir qu’il a eu beaucoup de plaisir à partager avec elle qu’il ose lui dire
elle est partie
il reste appuyé à son bar, rêveur, un torchon à la main il ne trouve pas le courage de nettoyer les tables
enfin son courage d’une main et le torchon de l’autre il fait le tour des tables
le parfum de joséphie plane toujours autour de la table 8
quelque chose attire son attention elle a oublié son foulard sur la chaise

8 – la table ronde
on fond du bistrot après le bar il y a une table qui ne ressemble pas aux autres
d’abord elle est ronde elle peut recevoir six personnes elle est majestueuse un énorme pied travaillé comme on dit supporte un plateau épais et massif
on dirait que c’est le coeur du bistrot
en principe, on ne sert que les boissons à cette table
presque tous les jours sauf le samedi aux quatre chiffres du matin et de l’après-midi elle est occupée par des messieurs qui portent tous presque le même costume heureusement leur chemise bien repassée et leur cravate sont de couleurs différentes
ils sont rasés de près et bien coiffés leurs mains soignées indiquent qu’ils sont des manuels du cerveau
ils portent des chevalières et des alliances et aussi de grosses montres qui doivent coûter bonbon mais ils n’en font pas état
ils se connaissent, ils ont fait des études à l’université alors cela crée des liens et puis ils font partie du parti radical et sont au rotary
ils ne sont pas là tous tous les jours, mais en principe le vendredi matin ils sont tous là; ils ne viennent pas le samedi car ils montent au chalet le samedi
chaque fois le matin ils prennent un café ou un express et l’après-midi ce sera un ballon sauf le vendredi où des fois ils pèdzent et commandent une ou deux bouteilles d’épesses* 
chacun paie sa part
ils tutoient la christelle et parfois ils font des plaisanteries elle rit de bon coeur mais elle n’ose pas les tutoyer elle leur dit monsieur et à certain qu’elle voit plus souvent elle ajoute leur prénom
quand ils causent entre eux des fois on dirait qu’ils font des messes basses tellement ils parlent doucement et d’autrefois on entend leurs éclats de rire ou de voix surtout quand ils discutent de politique locale ou d’ailleurs
ils sont toujours polis et saluent tout le monde quand ils entrent chez pollet
même que des fois ils s’arrêtent à une table quand ils ont reconnu quelqu’un surtout quand il y a les élections et là ils serrent des mains ici et là et offrent même l’apéro
ils, se sont jacques et jean-baptiste les avocats, edouard le notaire, monsieur serge le directeur du crédit foncier, robert l’architecte, amédée le juge au tribunal cantonal qui est juste à côté et monsieur le président  à qui ils disent toujours président mais nous on sait pas de quoi
aujourd’hui, à midi, l’andré est arrivé tout essoufflé
– ben alors qu’est-ce que tu fous ? lui demande christelle
– désolé j’ai du retard 
– comme t’étais pas là j’ai donné ta place mais va au bar il y aura bientôt une place
de libre
– peux pas suis vachement pressé mon chef m’attend à 13h
christelle regarde le jules qui acquiesce
– bon exceptionnellement mets-toi à la table des menteurs

9 – le cuisinier
sur le coup de neuf heures, juste avant l’arrivée de monsieur jean c’est antonio le cuisinier qui fait son entrée les bras chargés d’une grand caisse verte pliable et remplie à ras bord de différents légumes, paquets et même de fruits
il est pressé car la camionnette est devant la porte et il a peur que la grippe-sous de service lui en colle une …de plus
mais comme il l’aperçoit au bar entrain de siffler son campari, il se rassure ralenti le pas et en passant lui demande si elle a pas oublié de mettre l’argent dans la crousille
le jules le coupe “t’as tout trouvé, t’a rien oublié, la salade ?”
antonio ne répond même pas et pose sa caisse sur le comptoir avant d’ouvrir une grande porte qui est à mi-hauteur dans le mur avec une corde qui sort sur le côté
il la saisit et tire dessus ce qui provoque un bruit étouffé comme celui d’un train qui passe et c’est normal puisque c’est le passe qui permet de faire monter les plats pleins depuis la cuisine et descendre les plats une fois vides à la cuisine pour la plonge
sur le plateau il met sa caisse et tire la corde dans l’autre sens pour faire descendre ses marchandises
ensuite il se lance dans l’escalier en colimaçon qui justifie le passe car même antonio qui est un peu plus fluet que christelle  a de la peine à passer tant le dérupe est impressionnante
heureusement celui qui mème à la grande salle en haut dessus est un peu plus large
une fois dans son antre, l’antonio est heureux
ici il n’y a personne qui lui cherche des poux, il est chez lui , c’est sa cuisine avec son piano qu’il emmode en tournant la petite manoille noire d’une main et en foutant le feu aux brûleurs avec l’autre
il place une énorme casserole remplie d’eau et une grosse poignée de sel pour les poireaux que son pommeau a coupés en fines rondelles et une autre où il noiera les boucles de saucisses aux choux
il a le temps de peler les pommes de terre il les cuira dans un moment
aujourd’hui l’assiette du jour est un papet vaudois
à travers le passe qui est resté ouvert, il crie à jules
– t’as assez de moutarde en haut ?
– ouaih que lui réponde le jules, ça devrait joue
satisfait de la réponse, il prend une panosse car il a fait une gouille sur le carrelage avec la grande passoire qui contenait les poireaux frais lavés
entre deux carrelages, il graille avec un couteau pour enlever une saleté
– bon maintenant il faut pas pétouiller sinon ça sera jamais prêt pour midi qu’il lance à simon le pommeau qui est aussi là pour la plonge
c’est lui qui a coupé et préparer les poireaux
simon il est gentil il a déjà une bon-amie sylvie qui vient des fois aussi aider à la salle quand il y a beaucoup de monde c’est la fille du jules
et elle aussi jolie que gentille une belle bouèbe que résume l’antonio
– tu vas pas me saligoter la cuisine, fais attention avec ces boucles les lance pas dans la casserole hurle l’antonio à son pommeau
le simon  ne se formalise pas il a l’habitue que d’Antonio, comme le jules d’ailleurs, lui crie dessus c’est une façon à eux de lui dire qu’il l’aime bien
les assiettes sont dans le chauffe-plats depuis ce matin
les louches, les grandes fourchettes, la planche à couper sont à poste 
antonio sort une petite cuillère pour goûter les poireaux
– tu peux ajouter la crème et la moutarde, tu donnes un bon bouillon et tu arrêtes le
feu, ordonne antonio
– oui chef, lui répond simon  il sait bien que l’antiono aime bien quand il lui répond comme ça
on entend le passe qui descend et qui apporte la première commande
il remonte chargé des assiettes et du plateau contenant la salade, et juste avant d’arrivé au niveau du bar un astucieux système anime une petite clochette qui annonce que la commande est livrée
christelle armée d’un linge car les assiettes sont chaudes, les saisit et les apporte prestement aux clients
dans un moment elle reviendra les reprendre et les replacer dans le passe avec les services pour la plonge

10 – l’assiette du jour
– aujourd’hui le patron propose un gamay annonce christelle au client qui vient de prendre place à la table 9
il vient souvent avec deux ou trois de ses amis, toujours à la table 9
d’ailleurs c’est simple quand il appelle pour réserver il s’annonce “table 9”
christelle les aime bien car ils sont toujours polis et patients …et surtout généreux
et ils n’en ratent pas une pour raconter une bonne histoire et faire rire tout le bistrot
lui, c’est pierrot un artisan du quartier dont les mains te renseignent tout de suite que c’est un manuel et la sciure dans ses cheveux et sur sa salopette qu’il travaille le bois
il est ébéniste et bosse des fois pour le croque-mort
– eh jules ! il vient d’où ton gamay ?
– t’aimes, lui répond le jules
– ben ouaih ça passe bien au fond du gosier et il reste bien sur le palais… et c’est mieux qu’un coup de néné 
ça vient d’où ?
ah ! cédric gaillard le fils du roland à perroy
bien sûr que je connais et tiens j’y étais la semaine passée je livrai dans le coin
– une caisse ? interroge le jules
– pas vraiment, mais j’en ai ramenée une… on a un peu pedzé à la cave
et de raconter à ses copains cette fin de journée apocalyptique qu’il dit
alors, en découpant le crotchon du pain mis sur la table pour faire patienter ou
manger avec la salade, il pense que le papet va lui remettre les choses en place et qu’il n’aura plus à courir toutes les cinq minutes aux cagoinces
un plus le gamay du jules étant léger fruité mais avec du caractère ça se passera bien !
– bon christelle tu nous remets trois s’il te plaît ? bien sûr du même !
– vous auriez dû prendre la bouteille ça m’aurait éviter des pas que remarque Christelle
– ah mais non il faut pas exagérer tout de même lui rétorque pierrot nous on bosse cet après-midi… enfin ce qu’il en reste 
– eh regarde voir se lance tout à coup un des copains du pierrot t’as vu le gaillard là dehors qui aguille les planches de cet échafaudage ? ça va tout déguiller qu’il ajoute
jamais vu un tel bracaillon !
– bon assez pétouillé on y va ordonne le pierrot
le cloche de l’école sonne la récré de l’après-midi
il s’en fout le pierrot il bien mangé, bien bu et passer un bon moment chez pollet

11 – la cave
l’escalier étroit qui mène aux cuisines chez l’antonio mène aussi au saint des saints 
au fond de la cuisine il y a une porte qui est cotée car le jules ne confie pas sa clé, c’est sa cave et c’est ses vins qu’il a choisis chez ses vignerons qui sont depuis ses amis
des fois, mais c’est vraiment pas souvent, s’il est de bonne et qu’il t’as à la bonne quand il n’y a plus personne à l’horizon il t’invite à descendre avec lui
une fois ouverte, la porte donne sur un espace dont la voûte montre fièrement ses pierres 
tu marches sur du gravier et tu vois une pètée de caisses et de cartons ouverts ou encore fermés au fond il y a de grands casiers avec des rayonnages qui supportent les bouteilles et leur poussière
en dessous il y a des petites étiquettes avec des chiffres et parfois des noms
au milieu il y a une table ronde avec quatre tabourets 
sur son plateau qui est aussi vieux que la cave il y a un support avec des verres propres protégés par un linge à carreaux rouges et un tire-bouchon
depuis le bar, le jules n’a encore rien dit
il est descendu en te montrant du doigt l’escalier abrupte ce qui voulait dire de faire attention
il a sorti la clé de sa poche et à ouvert la porte qui est très épaisse comme celle que le boucher ouvre pour aller chercher un quartier de viande
une fois dedans, il referme la porte
c’est pas pour qu’on ne voit pas qui est dans la cave mais pour conserver l’humidité et la température de l’endroit à l’intérieur et laisser la chaleur de la cuisine s’engouffrer et ficher en l’air ses bons vins
– blanc ou rouge ? qu’il demande le jules alors la côte, côtes de l’orbe, bonvillars, vully, lavaux, chablais ? ou bien tu veux faire le tour du canton ! t’as le temps ? 
mais on reste dans le chasselas et pas de souci j’ai tout en 50cl et on pourra sortir par derrière comme ça on aura pas remonter l’escalier 
après un grain blanc**, on passe au féchy**, on s’arrête à st prex** et on pousse jusqu’à agiez** là on décide de s’arrêter après à corcelles-concise**, puis à môtier** et de revenir au chaud à bourg-en-lavaux** à aran** et à cully, puis saint saphorin**, chardonne** pour finir à yvorne** avec une petite pincette à aigle** et au retour une petite pause à villeneuve** juste en rentrant…
à chaque lampée, à chaque verre on s’exclame que c’est le meilleur qu’on vient de boire, c’est ce qui s’appelle une montée au paradis 
il fait tout nuit dehors 
nos trois gaillards et le jules  sortent en vacillant un peu mais heureux d’avoir fait le tour du monde du chasselas* c’est pas merveilleux de faire autant de vins différents avec un seul cépage et un cépage d’ici surtout ?!
mais on, on a fait le tour du canton mais refait le monde !

*chasselas cépage d’origine de suisse romande apparu au 16ème siècle et connu sous le nom de “fendans”ou “gut edelen reben”
**domaine parfum de vigne à dully, clos de la dame domaine feuillerage à perroy, blanc de lys domaine de terre neuve à st prex, côte de bellevue domaine mirabilis à agiez, chasselas domaine gourmandaz à corcelles-concise, bataille de morat domaine du vieux moulin à môtier, les terrasses de valérie domaine mermetus à aran-sur-villette, les échelettes cave pascal dance à aran, les déserts cave didier imhof à rivaz , chasselas cave de la pierraz à chardonne, yvorne domaine dilliet à yvorne, chasselas domaine de la baudelière à aigle et chasselas à la cave du scex et du châtelard à villeneuve

12 – la salle à manger
un escalier en colimaçon assez raide te permet d’accéder à l’étage en dessus où se trouve la salle à manger 
tu dois presque monter à quatre pattes que tu touches les marches du dessus de la main en montant c’est un peu comme quand tu cueilles les myrtilles sur les pentes abruptes de la montagne
l’escalier en métal fait un drôle de bruit et branle un peu il faut dire qu’il a l’âge d’être remplacé
il en a supporté des gens, des heureux, des fâchés, des amoureux, des affairés mais en principe tous ont gardé un bon souvenir de ce repas, de ce moment de plaisir, de cette explosion de saveurs
toute en longueur avec des tables de chaque côté, bien nappées de la même couleur rose pâle, elle t’invite à t’asseoir sur des chaises confortables avec du vrai cuir sur le placet
des tableaux peints à la main montrant des paysages sont fixés au-dessus de chaque table qui au lieu d’avoir un numéro a un nom qui est écrit sur le bord du cadre en bas au milieu et qui correspond à un endroit situé autour du léman
il y a des plages, des vignes, des villages avec des vignes, des fontaines avec des vignerons, des caves avec des vendangeurs
c’est l’adrien le mari de germaine la maman de jules qui les a tous peints à l’époque où sa femme tenait le bistrot et qu’il faisait la cuisine
cette pièce est chaleureuse et t’es surpris en arrivant de la différence entre le lieu que tu viens de quitter en bas dessous, le bistrot, et cet espace douillet, rassurant, accueillant et dont le calme est troublé par quelques éclats de voix venant d’en bas de temps en temps
il n’y a pas de carte sauf pour les vins qui sont limités aux propositions du patron
on vient ici pour déguster des spécialités dont les suprêmes de volaille à l’indienne* ou la salade tiède de lentilles et son foie gras maison
et puis il y a toujours un plat de saison
des fois il y a des personnes qui n’aiment aucune des propositions du chef alors il y a toujours un filet de boeuf, le frère de jules est paysan
c’est sylvie qui te reçoit ce soir car josette a congé
jupe noire, tablier blanc en forme de demi lune, blouse blanche et un sourire qui t’arrache la chemise
elle t’invite à prendre place à st prex ou à saint-saphorin la table que tu as réservée
pour te faire patienter, elle te propose un apéritif que tu peux choisir dans les vins de la semaine au verre ou en bouteille si t’es pas tout seul
il y a toujours un lavaux, un chablais, un la côte et un côtes de l’orbe pour les blancs, bien sûr tu peux aussi avec autre chose et de l’eau
en même temps que ton verre de blanc, elle pose au milieu de la table un petit plat qui sent bon la quiche tiède de poireaux et lardons coupée en fine tranchettes que tu saisis de deux doigts
puis viendra le moment où elle apportera une plaque en acier avec deux grandes anses au bout entourées de plastic noir sur laquelle elle posera le plat choisi
juste avant elle aura apporté un saladier avec de la salade frisée coupée en fines lamelles dont tu pourras te servir selon tes goûts
si tu hésites pour le vin rouge, tu pourras toujours prendre d’abord un verre pour déguster et être sûr de ton choix et de l’association de ton vin avec le plat choisi
et tu hésites car du rouge avec des suprêmes à l’indienne* ?
alors sylvie revient avec un verre à moitié plein et te propose de déguster ce vin
mais comment cette bouèbe connaît-elle aussi bien les goûts et les saveurs c’est incroyable d’ailleurs tu n’en crois pas ton palais
un sire thomas un assemblage de la côte qu’heureusement que t’es assis 
un tartare d’ananas au gingembre et citron vert terminera ce festival accompagné d’un doral
ayant quitté son tablier quelque peu maculé, vêtu d’une belle veste blanche aux boutons couverts de tissu de la même couleur avec son nom brodé sur son coeur l’antonio vient s’enquérir de votre plaisir et de votre satisfaction et d’accepter de vous glisser à l’oreille quelques tours de mains
tu ne te sens pas lourd du tout mais appréhende un peu la descente dans l’escalier en colimaçon quand sylvie te propose de passer par la porte qui donne dans la cage d’escalier de la maison d’à coté
bien entendu, si tu finir en beauté avec une petite rincette alors tu dois prendre l’escalier et le jules saura te proposer quelque chose de bon et surtout qui aura un goût de reviens-y… et c’est sûr tu reviendras

* tu marines quatre suprêmes de volaille dans 1/4 cc de cannelle, de muscade, de girofle moulu, 2cs de curry indien, 1cs de tandoori 7 épices, 1.5cc de gingembre râpé et 6cs de sauce soja durant 1h
tu fais revenir 2 oignons émincés et 2 poivrons rouges coupés en lamelle que tu réserves
tu grilles les suprêmes 5min de chaque côté tu les places dans un plat au four à 100° en attente
tu déglaces avec 3cs de martini dry
tu remets les oignons, les poivrons, les poulets, tu ajoutes 1bte de tomates concassées et tu presses 2 gousses d’ail
quand le tout est à température tu verses 2.5dl de lait de coco, tu portes à ébullition avec le reste de la marinade
tu baisses le feu, tu couvres et tu laisses cuire 20min 
et c’est meilleur si tu laisses refroidir et que tu réchauffes le soir au moment de servir

épilogue
monsieur jean occupe sa même place tous les jours sauf dimanche car chez pollet c’est fermé le dimanche
maintenant, il a des lunettes et une canne et c’est la christelle qui lui apporte la julie qui est pliée en quatre maintenant et plus prisonnière de son bout de bois
l’andré est heureux maintenant et siffle de plus en plus fort en balayant la rue des faux pas et la rue des escaliers du marché
il est marié à la christelle  qui a toujours espérer qu’il lui demande de l’épouser
un jour l’albert n’est pas venu quand il a sonné les quatre chiffres
monsieur jean ce jour-là a lu dans la julie un avis qui finissait avec des petites lettres en italique “… est heureux de retrouver son ami ferdinand”
une fois, une veuve a été très émue par l’histoire du duc
on n’a jamais su ce que le duc lui avait raconté
aujourd’hui chez pollet  il n’y a plus personne qui raconte des histoires aux veuves 
un jour le jules  a demandé à l’andré s’il ne voulait pas passer derrière le bar
comme sa christelle voulait continuer de faire l’ouverture il accepta la proposition du jules
aujourd’hui, l’enseigne n’a pas changé tout comme le reste sinon que c’est le jules qui s’appuie au bar
d’Antonio ayant eu le data c’est simon l’ancien pommeau qui a très bien réussi son apprentissage et après un passage auprès de chefs de grandes tables qui a repris l’enseigne chez pollet avec sa sylvie d’épouse au service aidée par christelle comme lui par l’andré car aujourd’hui chez pollet c’est un top 10
alors qu’il ne croyait jamais la revoir, il aurait tout fait pour passer encore un moment avec elle
il avait trouvé son foulard
et il se rappelle qu’elle lui avait parlé d’un site qu’elle tenait
maintenant que chez pollet est entre de bonnes mains, ils peuvent partir faire le tour du monde des vignobles lui, le jules et elle la joséphine

merci
à mes amis vignerons qui sans leurs magnifiques breuvages qui ont excités mes petites cellules grises ont contribué sans le savoir à l’écriture des ces histoires vraies imaginées par l’auteur

par ordre d’apparition les vins dégustés
grain blanc tartegnin grand cru – domaine parfum de vigne à dully – jean-jacques steiner
pinot noir – cave mirabilis à agiez – pierre-yves poget 
l’arpège calamin – domaine blondel à cully  – jean-luc & louis blondel 
oeil de perdrix (meilleur rosé au grand prix du vin suisse 2020) – cave des rossillonnes à vinzel – martial besson 
gamaret-garanoir (10 mois en barrique ) – cave didier imhof à rivaz  – didier imhof 
les terrasses de valérie – domaine mermetus à aran-villette – henri & vincent chollet 
gamay du domaine feuillerage à perroy – cédric gaillard
clos de la dame domaine feuillerage à perroy – cédric gaillard
blanc de lys – domaine de terre neuve à st prex – david kind
côte de bellevue – domaine mirabilis à agiez – pierre-yves poget
chasselas – domaine gourmandaz à corcelles-concise – … bourgeois 
bataille de morat – domaine du vieux moulin à môtier, – …derron 
les échelettes – cave pascal dance à riez – pascal danse
les déserts – cave didier imhof à rivaz – didier imhof 
chardonne – cave de la pierraz à chardonne – … forestier
yvorne – domaine dilliet à yvorne – eric minod
aigle grand cru – domaine de la baudelière à aigle – stéphanie delarze
chasselas – cave du scex et du châtelard à villeneuve – … allamand
sire thomas (assemblage gamaret, garantir et diolinoir – élevage en barrique) – domaine parfum de vigne à dully – jean-jacques steiner
doral – cave pascal dance à riez – pascal dance

la chablière, le 16 février 2021